Quand les parents se separent by Francoise Dolto

Auteur:Francoise Dolto [Dolto, Francoise]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai
ISBN: 9782020102988
Amazon: 2757844504
Éditeur: Seuil
Publié: 1988-08-14T22:00:00+00:00

Il faut tenir compte du contexte dans lequel l’enfant a vécu avec ses parents, notamment si ceux-ci continuent d’avoir des difficultés de relations importantes. Dans certains cas, il pourrait être nécessaire que le beau-père (la belle-mère) puisse dire : « Moi, je n’ai rien contre ton père [ta mère] » ; et : « Je ne t’en veux pas du tout d’être son fils [sa fille] et même de lui ressembler. » On peut toujours dire à l’enfant : « Tu n’as qu’un père, celui qui t’a conçu, mais je veux bien être ton papa » ; « Tu n’as qu’une mère, celle qui t’a conçu, mais je veux bien être ta maman. »

Les situations difficiles avec le beau-père ou la belle-mère proviennent très souvent du parent avec lequel l’enfant vit, le plus souvent la mère, quelquefois le père. On dirait que le parent chez lequel vit l’enfant n’accepte pas bien les droits que s’arroge son nouveau conjoint d’avoir un rôle éducatif vis-à-vis de l’enfant du premier lit. Cette ambivalence, l’enfant la sent. Lorsqu’il refuse un dire limitatif de liberté venant du beau-père ou des paroles critiques de la part de la belle-mère, il sent que son parent marque un point. Si le parent de naissance n’est pas ambivalent et, par exemple, quitte la pièce pour laisser son nouveau conjoint tranquille avec l’enfant, les choses peuvent s’arranger très rapidement. De même, si l’enfant se plaint à son père : « Oui, je sais bien qu’elle ne peut pas me voir » – ou bien à sa mère : « Ton jules ne peut pas me voir » le parent de naissance peut répondre : « Si tu dois faire des histoires, je ne pourrai pas te garder, tu t’en iras. – Oui, mais mon père [ma mère] ne veut pas de moi. – Il n’y a pas que le père ou la mère, il existe des solutions à l’extérieur. » Et l’on s’aperçoit alors que ces tensions sont une tentative de régression à une relation où l’enfant essaie encore de dominer le parent de sang avec lequel il vit.

Le statut de l’enfant vis-à-vis du nouveau conjoint peut ne pas être clair, ne pas lui avoir été articulé logiquement et avec affection par le parent continu. Il se produit alors une sorte de flottement chez l’enfant si le père ne lui a pas dit, par exemple, en parlant de sa nouvelle femme : « C’est ta belle-mère, c’est elle qui a pris la responsabilité de t’élever. Quand tu es chez moi, j’estime que ta belle-mère a quelque chose à dire puisqu’elle est chez elle. » La belle-mère devient crédible pour l’enfant parce que le père lui donne son appui symbolique. On voit tout le temps des mères dire à leur nouveau conjoint : « Ce n’est pas ton fils, alors fous-lui la paix. » Le beau-père n’est pas crédible parce que la mère ne le rend pas crédible.

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