Pénélope Green, 2 L'affaire Bluewaters by Bottet Béatrice

Pénélope Green, 2 L'affaire Bluewaters by Bottet Béatrice

Auteur:Bottet, Béatrice [Bottet, Béatrice]
La langue: fra
Format: epub
Tags: polar, young adult
Publié: 0100-12-31T23:00:00+00:00


Chapitre 15

Cyprien était à la fois inquiet et furieux. Cette imprudente ! Cette folle de Penny ! Oh, il n’avait pas mis dix secondes, comme elle l’avait pensé, à se coucher sous l’arbre pour admirer le feuillage, à repérer la lettre qui lui était destinée et à grimper chercher son courrier. Il déchira l’enveloppe et déplia la feuille de papier pliée en quatre.

« Ma visite à la gare n’ayant absolument rien donné, je vais tout de même faire un tour à la mission Sanderson, je vais essayer de trouver la trace de cette Maureen. Ne t’inquiète pas pour moi, je te rejoins dès que je peux. Prévois des sandwiches, peut-être, si tu veux. Je t’embrasse, à tout à l’heure. Penny. »

Et comme Grayson, voilà qu’elle était prise de la manie de souligner çà et là, un peu au hasard, pour appuyer ses dires. Et même pas le « je t’embrasse ». Il froissa la lettre et la mit dans sa poche. Puis il la ressortit et la lissa pour la relire, au cas où quelque chose lui aurait échappé. Non, rien, ou alors un message tellement secret qu’il n’arrivait pas à le repérer, donc encore moins à le décoder. Les mots soulignés n’étaient pas là pour délivrer un sous-texte occulte.

Il s’en alla d’un pas saccadé et nerveux acheter des sandwiches. Quand il revint sous l’arbre, elle n’était toujours pas là. Le soleil allait bientôt toucher l’horizon, dans une heure on commencerait à apercevoir les premières étoiles. Penelope, de nuit, dans le quartier de la mission Sanderson. Il ne parvenait pas à l’imaginer. Et tout en dévorant son sandwich, il rongeait son frein.

D’autant plus que la journée avait été terrible. Oh, il en avait, des choses à lui raconter, à miss Penny. Flexner, Watkins, deux ou trois hommes de main, une calèche, une bonne d’enfants, des bébés qui changeaient de mains, tout comme des dollars, des cris, des pleurs. Et dire qu’il y avait même gagné cinq dollars !

Alors voilà pourquoi il était si furieux, ce qui ne réussissait pourtant pas à lui couper l’appétit. Penny, où es-tu ? Il relut pour la vingtième fois, à la lumière déclinante, le petit mot laissé par la jeune journaliste. « Ne t’inquiète pas. » Elle en avait de bonnes. Il était mort d’anxiété. Oh, quel imbécile il était. Il fallait vraiment qu’il ne la quitte pas d’un pouce. Mais comment le pourrait-il, tant elle était jalouse de son indépendance et fière d’agir seule ? Bon sang, Penny, fie-toi un peu à ton garde du corps !

— Tu parles tout seul ?

Il se dressa sur ses pieds. Toujours aussi furibard, mais en même temps immensément soulagé.

— Non, je ne parle pas seul. Je prépare le petit discours que je compte te faire pour te passer le bon savon que tu mérites pour ton imprudence.

— Mais je t’ai laissé un mot. Tu ne l’as pas trouvé ?

— Ne me prends pas pour un idiot, Penny.

Puis il la serra contre lui et lui dit :

— Tu n’as rien ? Il ne t’est rien arrivé ? J’étais malade d’inquiétude.



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