Patrick Dils by Unknown

Patrick Dils by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-10-10T16:02:45+00:00


Dès le lendemain, ça ne loupe pas ! Je sens les yeux se poser sur moi. Les regards ont changé. Ceux des surveillants comme ceux des détenus. Toute la prison sait que T. et moi avons été « surpris » par un gardien. Ce dernier s'est empressé de raconter « l'histoire » à tout le monde. Décidément, les surveillants se croient tout permis ! La rumeur, c'est d'abord eux qui la colportent. Ils n'ont aucun respect pour les détenus.

Et c'est reparti : de nouveau, je me sens coupable. Être désigné comme « pédé », en prison, c'est non seulement difficile à vivre, mais ça peut être très dangereux. Ça commence par une étiquette rose sur la porte de la cellule, ça continue avec des insultes. Les coups arrivent très vite. Les viols... Je sais ce que c'est. Mais ce que je ne supporte pas, c'est d'être accusé, une fois de plus, à tort.

Qu'on ne se méprenne pas. Je ne considère pas l'homosexualité comme un crime, chacun fait ce qu'il veut. Mais ce que j'ai subi m'a largement traumatisé et je ne veux pas, en plus d'être considéré comme un tueur de gosses, devenir « celui qui se fait f... par ses potes à tout bout de champ ». Car la rumeur se répand vite, très vite, dans ces cas-là. Et je connais par cœur le processus d'humiliation.

En prison, quand il est question d'homosexualité, l'hypocrisie règne. Un sujet tabou. Certains détenus ont des rapports sexuels les uns avec les autres, mais rares sont ceux qui les assument. Le milieu carcéral est « macho ». C'est un monde de frustration permanente et c'est pour cela que les viols sont si fréquents. Ceux qui s'y livrent satisfont leurs désirs sans passer pour des « pédés ». Car en taule, le « pédé », c'est seulement celui qui subit la pénétration. Pas celui qui viole. C'est atroce mais c'est ainsi. J'en sais quelque chose.

En revanche, il existe de vraies histoires d'amour entre des hommes qui n'étaient pas homosexuels avant d'entrer en prison et qui, par besoin de tendresse et d'amour, franchissent le pas.

Je ne les juge pas. Je peux comprendre que la sexualité manque à l'immense majorité des hommes, même si ça n'a jamais été mon cas. N'ayant rien connu d'autre que les violences sexuelles, l'absence de relations physiques ne m'a jamais perturbé. Je suis vierge, car je me refuse à considérer le viol comme une « première fois ». Ce que j'ai subi et ce que j'ai été contraint de faire n'a rien à voir avec l'acte d'amour que je rêve de connaître un jour.



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