M. Ré-dièze et Mlle Mi-bémol by Jules Verne

M. Ré-dièze et Mlle Mi-bémol by Jules Verne

Auteur:Jules Verne [Verne, Jules]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Conte, Littérature française, Littérature pour la jeunesse, Fantastique-Science-Fiction-Anticipation, 19e
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2023-12-25T00:00:00+00:00


VII

Huit jours avant la Noël, nous étions à la classe du matin, les fillettes d’un côté, les garçons de l’autre. M. Valrügis trônait dans sa chaire ; la vieille sœur, en son coin, tricotait avec de longues aiguilles, de vraies broches de cuisine. Et déjà Guillaume Tell venait d’insulter le chapeau de Gessler, lorsque la porte s’ouvrit.

C’était M. le Curé qui entrait.

Tout le monde se leva par convenance, mais, derrière M. le Curé, apparut maître Effarane.

Tout le monde baissa les yeux devant le regard perçant de l’organier. Que venait-il faire à l’école, et pourquoi M. le Curé l’accompagnait-il ?

Je crus m’apercevoir qu’il me dévisageait plus particulièrement. Il me reconnaissait sans doute, et je me sentis mal à l’aise.

Cependant, M. Valrügis, descendu de sa chaire, venait de se porter au devant de M. le Curé, disant :

« Qu’est-ce qui me procure l’honneur ?…

— Monsieur le Magister, j’ai voulu vous présenter maître Effarane, qui a désiré faire visite à vos écoliers.

— Et pourquoi ?…

— Il m’a demandé s’il y avait une maîtrise à Kalfermatt, monsieur Valrügis. Je lui ai répondu affirmativement. J’ai ajouté qu’elle était excellente du temps où le pauvre Eglisak la dirigeait. Alors maître Effarane a manifesté le désir de l’entendre. Aussi l’ai-je amené ce matin à votre classe en vous priant de l’excuser. »

M. Valrügis n’avait point à recevoir d’excuses. Tout ce que faisait M. le Curé était bien fait. Guillaume Tell attendrait cette fois.

Et alors, sur un geste de M. Valrügis, on s’assit. M. le Curé dans un fauteuil que j’allais lui chercher, maître Effarane sur un angle de la table des fillettes qui s’étaient vivement reculées pour lui faire place.

La plus rapprochée était Betty, et je vis bien que la chère petite s’effrayait des longues mains et des longs doigts qui décrivaient près d’elle des arpèges aériens.

Maître Effarane prit la parole et, de sa voix perçante, il dit :

« Ce sont là les enfants de la maîtrise ?

— Ils n’en font pas tous partie, répondit M. Valrügis.

— Combien ?

— Seize.

— Garçons et filles ?

— Oui, dit le Curé, garçons et filles, et, comme à cet âge ils ont la même voix…

— Erreur, répliqua vivement maître Effarane, et l’oreille d’un connaisseur ne s’y tromperait pas. »

Si nous fûmes étonnés de cette réponse ? Précisément, la voix de Betty et la mienne avaient un timbre si semblable, qu’on ne pouvait distinguer entre elle et moi, lorsque nous parlions ; plus tard, il devait en être différemment, car la mue modifie inégalement le timbre des adultes des deux sexes.

Dans tous les cas, il n’y avait pas à discuter avec un personnage tel que maître Effarane, et chacun se le tint pour dit.

« Faites avancer les enfants de la maîtrise », demanda-t-il, en levant son bras comme un bâton de chef d’orchestre.

Huit garçons, dont j’étais, huit filles, dont était Betty, vinrent se placer sur deux rangs, face à face. Et alors, maître Effarane de nous examiner avec plus de soin que nous ne l’avions jamais été du temps d’Eglisak. Il fallut



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