Les sœurs de soie by Dinah Jefferies

Les sœurs de soie by Dinah Jefferies

Auteur:Dinah Jefferies [Dinah Jefferies]
La langue: fra
Format: epub
Tags: FICTION / Littérature
Éditeur: Hauteville/Milady
Publié: 2022-07-05T22:00:00+00:00


Le lendemain, elle observa une femme d’une maigreur extrême qui pêchait des poissons et des crevettes à l’aide d’un casier en bambou, dans un maigre ruisseau à proximité du village. Nicole avait à peine fermé l’œil de la nuit et le banc en bois dur qui lui avait été attribué en guise de lit n’avait pas favorisé son sommeil.

— Que mangent-ils d’autre ? demanda-t-elle à Trâ’n.

— Du poisson, des légumes et du riz. Voilà. Bouilli, à la vapeur, écrasé en gâteaux. Toujours du riz.

Le quotidien des femmes semblait voué à s’occuper des enfants, nourrir les animaux, pêcher et faire la cuisine. Elles étaient aussi chargées d’aller chercher l’eau et de toutes les autres tâches domestiques. Il était évident qu’il existait une hiérarchie entre les sexes.

— La vie n’est pas facile, expliqua Trâ’n. Une sécheresse, ou une inondation, peut détruire les récoltes. Ils s’entraident. Nous avons tous notre rôle à jouer.

— Je vois.

— Il n’y a pas d’eau courante chaude et froide ici, Nicole.

Elle fronça les sourcils, se sentant un peu insultée. Elle ne s’était pas attendue au confort moderne. Il la mena jusqu’à une hutte et, là, lui demanda d’imiter une femme qui coupait des feuilles de mûrier pour nourrir les vers à soie. Une autre ramassait les cocons pour les plonger dans l’eau bouillante.

Elle se mit au travail. Sans un mot, elles lui lancèrent des regards en coin. Mal à l’aise, Nicole chuchota à l’une de ses compagnes, dans l’espoir de montrer ses connaissances :

— L’eau sert à tuer les chrysalides, c’est ça ?

La femme approuva d’un signe de tête.

— Sinon, elles se transforment en papillons. Et les papillons percent le fil pour sortir du cocon.

Dans une autre pièce, deux femmes dévidaient des cocons et en faisaient des écheveaux prêts à être utilisés pour tisser des vêtements. Tout en hachant la brassée de feuilles, elle revit la soirée précédente. Assise à côté de Trâ’n, elle avait essayé de suivre la conversation dans la hutte. Ils étaient environ huit, blottis les uns contre les autres, assis en tailleur à même le sol, à fumer une racine à l’odeur nauséabonde. Elle parlait bien le vietnamien, avait un accent convaincant, mais ce n’était pas sa première langue. Fascinée par les flammes des mèches plongées dans des bols d’huile, qui dessinaient des ombres vacillantes sur les murs, elle n’écoutait que d’une oreille. Trâ’n lui avait donné un petit coup de coude.

— Souris au chef, avait-il marmonné.

— Désolée.

— Souris au chef. Aie l’air reconnaissante. Nous sommes affectés aux baraques à soie jusqu’à ce que nous recevions nos ordres.

Elle avait été surprise qu’ils ne soient pas immédiatement envoyés au nord. Mais Trâ’n lui avait expliqué que c’était un test et qu’elle devait se contenter d’obéir en montrant sa satisfaction.

Absorbée dans ses pensées, elle eut une seconde d’inattention et se coupa le bout du doigt. Machinalement, elle jura en français. La femme lui jeta un regard soupçonneux et lui recommanda d’aller chercher un chiffon à enrouler autour de son doigt.

Ce ne fut que plus tard, le



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