La villa rouge by Patterson James

La villa rouge by Patterson James

Auteur:Patterson, James [Patterson, James]
La langue: fra
Format: epub
Tags: thriller
Éditeur: Archipel
Publié: 2017-08-23T00:00:00+00:00


54

Il pose la joue contre le mur de béton qui exhale une légère odeur de chlore. La pièce est bétonnée du sol au plafond. L’acoustique est médiocre, la lumière diffuse. Il n’y a pas d’électricité et la lumière du soleil ne pénètre jamais ici, aussi se contente-t-il de l’éclairage dispensé par trois lampes à pétrole disposées à des emplacements stratégiques. L’effet produit par ces petites flammes qui s’agitent dans leur bocal de verre est sinistre.

Était-ce comme ça, autrefois ? Probablement. Sans doute les murs étaient-ils capitonnés d’une façon ou d’une autre. Et puis il y avait une cage, et une longue chaîne. À ces détails près, le décor devait être le même.

— Laissez-moi partir… je vous jure de ne rien dire à personne…

Sally, suspendue au plafond comme un vulgaire jambon, le dos cambré dans une position douloureuse, les mains entravées dans le dos, les chevilles également, les deux paires de menottes reliées entre elles par une troisième accrochée à une chaîne qui traverse un anneau scellé au plafond avant de rejoindre la manivelle fixée au mur. Un système de poulie artisanal. Pas tant que ça, finalement. Assez bien conçu en fin de compte puisqu’il fonctionne toujours alors qu’il n’a pas été utilisé depuis des décennies. Les artisans d’aujourd’hui ne sont plus ce qu’ils étaient.

Un pieu métallique d’un mètre cinquante, encastré dans le sol, dresse sa pointe acérée à quelques dizaines de centimètres du corps de Sally, à hauteur de son nombril, prêt à lui transpercer les entrailles le moment venu.

Il donne un tour de manivelle et Sally descend brutalement de trente centimètres. La chaîne grince, mais tient bon. La tête de la jeune femme branle dangereusement sous le choc sans que le corps, cambré au maximum, ne bouge. Elle pousse un cri aigu qui n’a rien d’humain. Il s’approche afin de mesurer la distance entre la pointe en acier et le ventre de sa victime dont les yeux terrifiés brillent d’un éclat primitif dans la pénombre. Il la trouve si belle. Il émane d’elle une peur d’une pureté absolue.

Elle tente de se dégager avec un courage qui force l’admiration. En vain. Elle est comme ligotée dans le vide, et quand bien même elle parviendrait à se débarrasser des trois paires de menottes en rivalisant d’habileté avec Houdini, elle mourrait instantanément, embrochée sur le pal.

Peut-être le souhaite-t-elle à ce stade. Peut-être a-t-elle renoncé à se battre, contrairement à Dédé qui a lutté jusqu’au bout. La prostituée, Barbie, a fini par abandonner en priant le ciel que sa fin soit rapide. Quelle jouissance de voir l’ultime soupçon d’espoir s’effacer de son regard.

Il caresse le visage de Sally qui a un mouvement de recul. Ce n’est vraiment pas gentil de sa part.

— Je vous en supplie, détachez-moi ! J’ai de l’argent !

Il s’en rend compte à présent. Il ne peut se permettre de la laisser partir.

Toute résistance est inutile. Résiste-t-on à la vie ?

Troublé, il gagne le mur où l’attend la manivelle.

J’abrite un monstre au fond de moi. Un monstre capable de sommeiller pendant des jours et des mois sans donner de nouvelles.



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