La petite fille de Michel Strogoff by Octave Béliard

La petite fille de Michel Strogoff by Octave Béliard

Auteur:Octave Béliard [Béliard, Octave]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman, Historique, Aventures, Littérature française, 20e
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2024-02-19T00:00:00+00:00


Le couvent de la Mère de Dieu

Dans l’air transparent de la belle journée, une grosse cloche jeta un cri de bronze. Et ce fut un signal auquel obéirent toutes les clochettes du couvent. Les cent clochetons des chapelles bavardèrent à la fois, allègres, à l’entour du clocher central, tout comme des poussins que la mère poule conduit au grain.

Et le saint refuge parut élever dans la lumière, ainsi qu’une offrande de fruits mystiques, ses coupoles bulbeuses, frottées de verts, de rouges et d’ors, liées de chaînes miroitantes et sommées de croix, sur l’assiette de ses murailles crénelées.

Les jardins recueillis, pleins de parfums et d’abeilles, descendaient en pente douce jusqu’au large ruban d’acier de la Volga. Et il y avait deux moinillons en robe de bure qui pillaient les rosiers.

« Les bons Pères ne sont pas mal installés, claironna M. Lazare Puycassou. On consentirait à s’enfermer ici, à condition qu’il y eût une bonne cave. Qu’en pensez-vous, baron ?

— Kholossal ! » approuva le puissant et débonnaire baron Otto de Lilienthal.

Le moine qui les conduisait émit un petit rire de pure amabilité, car il ne comprenait que le russe.

Mais un moine n’a pas besoin de beaucoup de mots pour introduire des touristes et recueillir leurs offrandes ; et, depuis la révolution, les sanctuaires qui furent exceptionnellement respectés pour ménager l’indéracinable dévotion populaire, reconnaissent cette tolérance en s’ouvrant aux visites.

À la mimique des deux étrangers, le frère portier s’était contenté de répondre par un sourire et par des phrases énigmatiques où le mot de starets revenait souvent.

« Starets ? avait dit M. Puycassou en feuilletant un guide de poche. Ah ! j’y suis, le starets, c’est l’abbé. Laissons-nous donc mener au vénérable starets qui, sans doute, comme tous les Russes cultivés, entend le français ou tout au moins l’allemand. »

On les menait au starets, par les jardins.

Puis le moine les introduisit dans un parloir voûté, tout doré de mosaïques, leur montra d’un geste onctueux des icônes enfumées devant lesquelles veillaient des lampes, s’inclina lui-même longuement devant elles et disparut.

Presque aussitôt une porte s’ouvrit, livrant passage à un vieillard à barbe blanche.

L’abbé traça dans l’air le signe de la bénédiction. Les deux hommes saluèrent respectueusement. Et le baron Otto releva le premier la tête.

« Father, spricht deutsch ? demanda-t-il avec quelque empressement comme si, devant ce dignitaire ecclésiastique, il jugeait nécessaire de prendre le pas sur son roturier compagnon.

— Ya, mein herr, » répondit le vieux moine avec un sourire bénin.

Une conversation s’engagea entre le starets et le géant. Ils débitaient alternativement, comme une psalmodie, des phrases longues d’une aune, coupées d’interjections gutturales, à la grande impatience de M. Lazare Puycassou qui n’y entendait goutte.

Le reporter, n’y tenant plus, tira son compagnon par la manche.

« Hé ! hé ! baron, n’oubliez pas que je suis là. Que diable vous racontez-vous tous les deux ?

— Des bolitesses, fit Lilienthal avec son rude accent tudesque. Le Révérend m’infite à fisiter la sainte Imache.

— Quelle sainte Image ?

— Celle de la Vierge miraculeuse de Kazan, monsieur, dit le vieillard en excellent français.



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