En Cage - Tome 1: Cage dorée by Baez

Auteur:Baez [Baez]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romans
Éditeur: Grey Eagle Publications
Publié: 2021-12-03T07:18:25+00:00

Chapitre 24

Selina

Vega n’a rien à me dire pour une fois. Je monte sur le siège passager et baisse le pare-soleil, vérifie mon reflet dans le petit miroir et essuie avec un mouchoir les traînées sombres sous mes yeux. Je ne sais pas pourquoi je m’embête à mettre du mascara quand je viens ici.

Vega laisse la radio à un volume sonore bas. On prend la route de Johns Creek. Au dernier moment, il tourne à gauche sur la 85, vers la ville.

— Où allons-nous ?

Après des mois de captivité, son calme me fait paniquer. Que pourrait-il me faire de plus ? Me tuer ? Non, au moins cette option-là n’est pas envisageable. Il a besoin de mon argent.

— J’ai faim, répond-il simplement, se mêlant à la circulation. Pas vous ?

— Euh, oui, dis-je, mon estomac se contractant nerveusement. Je peux préparer quelque chose à la maison. Il y a des restes d’hier soir.

— Je ne sais pas vous, mais moi je ne me sens pas vraiment d’humeur pour ça.

Il me lance un petit sourire, une vision si peu familière qu’elle me fait grimacer.

— Il est temps que vous essayiez un truc amusant.

Le fait qu’il se souvienne de ma requête, et qu’en plus il sorte de ses habitudes pour la satisfaire, me donnent des papillons dans le ventre. Non, les papillons sont trop légers, trop romantiques. Des papillons de nuit, paniqués, battant des ailes frénétiquement sous la lumière qui les tuera.

— Vous allez me faire manger des tacos dégueu achetés dans la rue ?

Il éclate de rire. L’ai-je déjà entendu sincèrement rire auparavant ? C’est un son grave et chaleureux. Je ne déteste pas.

— Non. Pas aujourd’hui, du moins. J’ai quelque chose d’autre à l’esprit.

Alors que nous tournons au ralenti dans la circulation, il prend son téléphone et tape une adresse dans l’application GPS. Quand il le replace sur le tableau de bord, je fais tout pour lire le nom de notre destination. Il rit toujours devant mes efforts. À l’instant où nos mains se frôlent, je relâche le téléphone, ma chair en feu. Gloussant toujours, Vega le cale sur ses genoux sous bonne garde. Ouais, je ne vais rien attraper là. Mon visage chauffe et je suis contente que mon teint ne soit pas rouge. Enfin, je crois. Qu’est-ce qui cloche chez moi ?

Nous finissons sur Marietta, dans une ruelle derrière les rails d’un chemin de fer. Je saisis mon sac à main instinctivement alors qu’on sort de la voiture. Vega ne semble pas remarquer mon malaise, posant sa main d’un geste léger mais possessif dans le creux de mon dos. Nous nous arrêtons devant un auvent vert délavé avec le mot Kiosco sur la devanture. À l’intérieur, le restaurant est petit et faiblement éclairé, malgré le soleil de midi éblouissant. L’odeur de viande grillée est alléchante. La plupart des modestes tables sont bondées, la pièce vibrant par les dizaines de conversations. Vega fait un signe de tête au type derrière le comptoir dans le coin, qui hoche la sienne en retour, désignant une table vide au mur gauche.

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