Bine - 04 - Au royaume des 10 000 mouches noires by Brouillette Daniel

Bine - 04 - Au royaume des 10 000 mouches noires by Brouillette Daniel

Auteur:Brouillette,Daniel [Brouillette,Daniel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Éditeur: Les Malins
Publié: 2014-09-03T04:00:00+00:00


Chapitre 12

Un cadavre frais du jour

Je me réveille en même temps que le premier oiseau, un dénommé Maudit Fatigant, le cousin de Ferme Taboîte. Je suis allongé au fond de notre canot métamorphosé en hamac deux places ultra rigide. Déjà que je déteste les hamacs, ces espèces de filets de relaxation pour les mangeurs de tofu.

J’ai eu le sentiment de passer la nuit dans un cercueil ouvert. Pas moyen de bouger. Je sommeille habituellement sur le côté ou sur le ventre, mais là, vu le côté spacieux de notre maisonnette, j’ai été contraint de dormir en pharaon sur le dos, les os bien enfoncés dans la surface dure. Mes omoplates et mes hanches le confirment : ayoye !

Une rame humide et mon sac à dos encombrant m’ont bordé. À mes pieds se trouvait et se trouve toujours la grosse tête d’eau de Tristan. J’ignore combien de coups de pied involontaires il a reçus de ma part, mais son front est collé sur mes orteils.

J’ai grelotté toute la nuit. Il faisait froid comme à Sotchi, alors je me suis recroquevillé en forme de sushi.

J’ai beaucoup repensé à l’histoire de ce Charles Leblanc. J’ai eu le temps d’analyser le récit de Sirocco. D’un côté, je suppose qu’il se paie notre gueule, mais une partie de moi me répète : « Et si c’était vrai ? »

Des milliers de personnes affirment avoir aperçu des fantômes. Ils ne peuvent pas tous être cinglés ou menteurs. Personne ne sait ce qui nous arrive lorsqu’on meurt. Est-ce qu’on pourrit tout simplement dans la terre comme des oignons au fond d’une armoire ou bien est-ce que notre âme vagabonde ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que nous ne savons pas tout. Il m’est déjà arrivé d’être seul à un endroit et de sentir une autre présence. Difficile de décrire la sensation. Une intuition persistante que « quelque chose » se trouve près de soi.

Ça m’est arrivé il n’y a pas si longtemps. Je regardais le basketball à la télé et mon jus d’orange a bougé sur la table de salon. De quelques millimètres. Aucune explication raisonnable possible. Je n’avais ni touché la table ni halluciné. Un verre ne se promène pas seul, à moins qu’il contienne du lait caillé « meilleur avant 2010 ». Durant le reste de la partie, j’avais eu la nette impression qu’un étranger invisible à mes côtés regardait Carmelo Anthony faire son frais chié. Où, qui, quoi, pourquoi et comment précisément ? Aucune idée.

Il se pourrait que l’esprit de Charles Leblanc hante le camp des Aventuriers. Le voir de mes propres yeux m’aiderait grandement à y croire. Je n’y tiens pas trop. Je préfère grandir dans l’ignorance plutôt que me retrouver face à face avec un revenant d’outre-tombe.

Si ce jeune a réellement disparu et est mort, je me demande où se cache son cadavre que même des chiens pisteurs ont été incapables de renifler. Comme le croit Sirocco, il faut qu’il soit au fond d’un lac. C’est l’unique explication logique.



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